Critique : Look Back [one-shot]

Informations

Look Back est un one-shot dramatique de Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man, Fire Punch) prépublié au Japon le 19 juillet 2021 dans le magazine en ligne Shonen Jump+ de la Shueisha. La version française a été éditée par Kazé (maintenant Chrunchyroll) dans leur collection seinen en mars 2022. L’œuvre a été traduite par Sébastien Ludmann (Golden Kamui, Les Liens du sang) et le lettrage est une réalisation d’Hinoko (Dandadan, Black Clover).

Véritable succès commercial avec plus de 150 000 copies vendues lors de ses deux premières semaines au Japon, ce one-shot a aussi obtenue un bel accueil critique. Il a remporté la première position du classement Kono Manga ga sugoi! de 2022 et il est arrivé à la deuxième place au grand prix du manga (Manga Taishô) de la même année. Look Back a aussi été applaudie par plusieurs autres mangakas dont Inio Asano (Bonne nuit Punpun) et Rei Hiroe (Black Lagoon).


Résumé de Look Back

Avec ses mangas en quatre cases, Fujino est la star du journal des CM2. Elle se fera pourtant voler la vedette par une élève mystèrieuse enfermée à la maison qui possède un talent incomparable pour les décors. N’arrivant pas à rejoindre le niveau de son adverse, Kyomoto, Fujino abandonne le dessin. Une fois l’année terminée, celle-ci doit remettre le diplôme à Kyomoto et la poussera à sortir de sa tanière. Les deux jeunes femmes formeront un binôme qui sera très vite publié dans un magazine. Le tout se passe bien, jusqu’à ce que Kyomoto décide de poursuivre des études en art.


Analyse critique

Vous l’aurez peut-être déjà remarqué, mais les noms des deux personnages font directement référence au mangaka (Fujino + Kyomoto = Fujimoto). Au delà du fait que le titre du manga fictif Shark Kick est un rappel de son véritable manga Fire Punch, le requin de sa couverture fait aussi penser au démon Beam que l’on retrouve dans Chainsaw Man. Autre référence à ce manga, Kyomoto réalise à la page 106 une peinture de la porte derrière laquelle Denji enferme son plus grand traumanisme. De plus, la série de Kyô Fujino entre en pause après la publication du 11e tome, tout comme c’était le cas pour Chainsaw Man au moment de la publication du one-shot. À mon avis, les ressemblances entre l’auteur et ses personnages ne s’arrêtent pas là. Fujino et Kyomoto pourraient être en fait deux facettes de Fujimoto en tant qu’auteur. D’une part, Fujino recherche le succès et la reconnaissance alors que Kyomoto représente l’aspect purement artistique de la démarche. Tout cela pour dire qu’il s’agit d’une œuvre hautement personnelle et qui comporte plusieurs références aux travaux précédents du mangaka.

Les dessins de Tatsuki Fujimoto dans Look Back ont la patte habituelle du mangaka, mais tout en étant globalement mieux réussis. En effet, il y propose des planches qui sont, émotionnellement parlant, plus chargées que ce que l’on retrouve dans ses séries jusqu’à présent. Peut-être que le format du one-shot y est pour quelque chose, étant libéré des contraintes du rythme de publication hebdomadaire. Pour ce qui est du scénario, la situation de départ du manga est plutôt simple. Ça devient vite intéressant, puis tout simplement excellent. Il est difficile de traiter le récit à sa juste valeur sans en dévoiler davantage. Alors, je vous propose de sauter le reste de ce paragraphe si vous n’avez pas encore lu Look Back. Alors, est-ce que le papier déchiré qui traverse sous la porte de chambre de Kyomoto s’est téléporté vers une autre dimension ou bien il s’agit des fabulations d’une personne endeuillée? Selon les éléments présentés (ex. : feuille manquante dans la chambre, dessins du style de Fujino), je pense que cela peut aller dans les deux sens. Personnellement, j’adore quand des éléments scénaristiques restent ouverts à l’interprétation du lecteur. Le plus important, c’est que Fujino décide de poursuivre le métier de mangaka pour les autres plutôt qu’elle-même.

Il est à noter que le nom de Kyomoto fait aussi allusion à de bien sombres évènements. Le 18 juillet 2019, un incendie criminel causant la mort de 36 personnes s’est déclenché dans un studio d’animation de KyoAni. Le coupable accusait cette entreprise de l’avoir plagié. D’ailleurs, Look Back a été publié 2 ans après ce drame qui aura sans doute ébranlé l’auteur. Vous avez envie de connaître une autre référence que l’on retrouve dans ce one-shot? En regardant en haut à droite de la première page, vous trouverez le mot Don’t écrit sur le tableau (malheureusement caché en partie dans l’édition française). À la dernière page en bas à gauche, il y a In Anger inscrit sur un magazine. Entre les deux, vous avez le manga Look Back, ce qui forme le titre de la chanson Don’t Look Back In Anger du groupe OASIS. Il ne s’agit certainement pas que d’une coïncidence, puisque cette chanson nous invite à ne pas s’en vouloir pour le passé et regarder vers l’avant. C’est tout juste ce que décide de faire Fujino à la fin du manga.

Que vous soyez intéressé par l’univers de la publication des mangas au Japon et ses enjeux, par la lecture d’une histoire courte dramatique orchestré d’une main de maître ou tout simplement curieux de voir toute l’étendue du talent de Tatsuki Fujimoto, je vous recommande de lire Look Back. Un point négatif un peu agaçant que je dois mentionner est le prix fixé par l’éditeur considérant le nombre de pages plus bas que la normale.


Note : 9.5/10


Bande-annonce de Look Back en anglais

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